Le travail est important pour tout un chacun. Mais les travailleurs sans papiers ont d’autres priorités que les travailleurs réguliers quand ils doivent décider d’accepter ou non une offre d’emploi sur le marché informel.
Étape 1: comprendre
Différentes motivations
Qu'est-ce qui fait que parler du travail est encore difficile ?
Différentes motivations
Ces priorités sont déterminées par différentes motivations :
En rapport au ‘pays d’origine’ :
- Quels investissements financiers ces personnes ont-elles faits pour venir en Europe ? Les billets d’avion, mais aussi souvent les intermédiaires qui ‘aident’ les personnes à passer la frontière peuvent endetter les personnes dès leur arrivée. Il leur est dès lors nécessaire de travailler pour rembourser ces dettes le plus rapidement possible. Il peut arriver que la famille ait contracté ces dettes, ce qui augmente encore la pression de la rembourser rapidement.
- Qu’est-ce que les personnes ont laissé ou abandonné pour venir en Europe?
Il peut s’agir de biens matériels, mais aussi de relations ou d’une position sociale. Plus cet investissement est important, plus l’idée de revenir en arrière est difficile. - Quelle est l’alternative dans le pays d’origine ?
Les personnes partent souvent parce qu’elles ne peuvent plus trouver de travail dans leur propre pays. Celles qui fuient pour des raisons politiques ou de sécurité n’ont absolument aucune possibilité de revenir. Et puis, il y a encore souvent l’honneur: revenir les mains vides est pire que ce l’on peut s’imaginer. - Qui vit des revenus du travail ?
Lorsque les membres de la famille contractent des dettes pour envoyer l’immigré en Europe, ils s’attendent aussi à un retour sur cet investissement. Il faut envoyer de l’argent tous les mois, ce qui augmente encore la pression d’avoir un travail.
En rapport avec la Belgique :
- Quelles alternatives existent en Belgique ?
Il n’est pas possible de travailler légalement sans papier. Le marché de l’emploi clandestin offre à la personne peu d’alternatives aux mauvaises conditions de travail dans lesquelles elle travaille déjà actuellement. Les travailleurs sans papiers qui restent sur leurs positions perdent dans de nombreux cas tout simplement leur travail. Les travailleurs ayant une réputation d’’enquiquineur’ risquent même de ne plus trouver de nouveau travail. De très nombreuses personnes sont renvoyées, lors de la recherche d’un travail, vers leur propre communauté, où tout le monde connaît tout le monde. - Les travailleurs réguliers peuvent normalement compter sur sécurité sociale s’ils perdent leur travail, aussi insuffisante qu’elle peut parfois l’être. Sans droit de séjour, tu n’as droit à aucune allocation, quelle qu’elle soit. Pour les travailleurs sans papiers, pas de travail signifie pas de nourriture et pas d’argent pour payer le loyer.
Peur
- Les personnes sans droit de séjour ont peur des autorités. Inspection, polices, services communaux, … Elles craignent qu’en les contactant elles seront renvoyées dans leur pays d’origine.
- Elles craignent être elles-mêmes punissables en raison de la manière dont elles travaillent et n’osent pas entreprendre de démarche.
- L’employeur vient parfois de leur propre communauté. Elles craignent de se faire mal voir par leur communauté si elles entreprennent quelque chose contre l’employeur. Or, lorsqu’elles se retrouvent sans travail, elles vont souvent devoir faire appel à leur communauté.
Qu'est-ce qui fait que parler du travail est encore difficile ?
Qu’est-ce qui fait que parler du travail est encore difficile ?
- Les personnes sans droit de séjour ont peur des autorités en raison de l’absence de séjour légal.
- Les travailleurs sans papiers pensent risquer eux-mêmes d’être sanctionnés en raison de leur emploi informel.
- Le travail se situe souvent dans l’environnement proche. Les employeurs, les intermédiaires, les collègues sont des amis, des membres de la famille ou du moins des membres de leur propre communauté. Elles ne veulent pas mettre ces personnes en danger ou craignent d’être rejetés de la communauté si elles parlent. Les personnes qui sont sans séjour légal ici dépendent, en effet, de leur réseau social encore plus que d’autres .
- Quand elles parlent de travail, il se peut qu’elles enjolivent la situation. La honte peut dès lors jouer ici un rôle important. C’est pour certains, en effet, humiliant d’admettre avoir accepté certaines situations d’abus.
Passer à l'étape suivante ?
Nous nous posons trois questions. Les réponses donnent un meilleur aperçu des étapes utiles à l’accompagnement des travailleurs sans droit séjour.
Étape 2 : parler
Comment entamer une conversation avec une personne sans droit de séjour ?
Étape 3 : intervenir
Quelles sont les démarches judicieuses à prendre dans les situations problématiques ?